Titre: Soufisme Posté par: Michèle le Janvier 28, 2011, 02:09:05 jeudi 6 janvier 2011
Ibn Arabi ou le Sheikh Al Akkbar Ibn Alî 'Ibn Arabî al-Hâtimî, plus connu sous son seul nom de Ibn ’Arabî, est né le 27 Ramadan 560 de l'Hégire (6 août 1165), Murcie dans le pays d'Al-Andalus - 1240, Damas). Appelé aussi « Cheikh al-Akbar » (« le plus grand maître », en arabe), il est un mystique, auteur de 846 ouvrages. Son œuvre aurait influencé Dante et Jean de la Croix. Dans ses poèmes il traite de l'amour, de la passion, de la beauté et de l'absence. Ibn 'Arabi est sans conteste celui qui donnera tout son sens au soufisme tant par sa pratique que par les centaines d'ouvrages qu'il a rédigé. Ibn 'Arabî s'est exprimé en vers arabes classiques, c'est-à-dire en utilisant une métrique fondée sur une alternance régulière entre syllabes longues et brèves (...). Les vers ont ici tous la même longueur, le même mètre, et sont tous divisés en deux hémistiches de longueur égale. Le deuxième hémistiche se termine par une rime qui reste la même tout le long de chaque poème. La régularité métrique du vers épouse le rythme du souffle humain: le poème est composé pour la récitation non pour la lecture proprement dite. Elle accompagne également le mouvement d'une pensée intuitive, car à chaque vers correspond un sens autonome, l'enjambement devant être évité. Tel un collier dont les perles de couleurs différentes contiguës mais non confondues se succèdent, le poème offre, par touches, une succession de vers dont aucun n'est enfermé dans une architecture préétablie. Source du texte : Saadane Benbabaali Autre biographie : Wikipedia Conversion calendriers chrétien-musulman : Uni Utrecht O merveille ! un jardin parmi les flammes... Mon coeur est devenu capable de toutes formes. C'est une prairie pour les gazelles et un couvent pour les moines chrétiens. Un temple pour les idoles et la Ka'ba du pèlerin, Les Tables de la Tora et le livre du Qoran. Je professe la religion de l'Amour, et quelque direction Que prenne sa monture, l'Amour est ma religion et ma foi. Extrait de "Turjumân al-Ashwâq" (L'Interprète des désirs) Trad. Henri Corbin dans : L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi, p. 109. La science du philosophe n'est pas totalement vaine. (...) Je rejette la réflexion car elle engendre chez celui qui l'utilise la confusion et l'absence de véracité. Par ailleurs, il n'est pas une chose qu'on ne puisse connaitre par le dévoilement ou l'expérience spirituelle. En outre, s'adonner à la réflexion (spéculative) est un voile. Certains contestent cela, mais nul parmi les homme de la Voie ne le nie, seul les gens de la réflexion spéculative et du raisonnement par induction prétendent le contraire. Et si certain d'entre eux (les philosophes) expérimentent les états spirituels, tel Platon le Sage, cela est extrêmement rare, ceux-là sont semblables aux hommes du dévoilement et de la contemplation. Les Illuminations de la Mecque, IV, p.245 Cité par Michel Valsan dans : Ibn Arabi ou la quête du souffre rouge, p.134. Pour le Schaykh al-Akkbar, le modèle du philosophe contemplatif est donc Platon, qu'il nomme dans le même passage "le divin Platon". (Formule que l'on rencontre aussi chez les néoplatoniciens grecs et certains Pères de l'église). Ecoute, o bien aimé ! (Voix de la Sagesse divine) Je suis la réalité du monde, le centre et la circonférence. J'en suis les parties et le tout. J'en suis la volonté établie entre le ciel et la terre. Je n'ai crée en toi la perception que pour être l'objet de Ma perception. Si donc tu Me perçois, tu te perçois toi-même. Mais tu ne saurais Me percevoir à travers toi. C'est par Mon regard que tu Me vois et que tu te vois. Ce n'est pas par ton regard que tu peux M'apercevoir. Bien aimé ! Tant de fois T'ai-je appelé, et tu ne M'as pas entendu. Tant de fois Me suis-je à toi montré, et tu ne M'as pas vu. Tant de fois Me suis-je fait douce effluve, et tu ne M'as pas senti, Nourriture savoureuse, et tu n'as pas goûté. Pourquoi ne peux-tu M'atteindre, à travers les objets que tu palpes, Ou Me respirer à travers les senteurs ? Pourquoi ne Me vois-tu pas ? Pourquoi ne M'entends-tu pas ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pour toi Mes délices surpassent toutes les autres délices, Et le plaisir que Je te procure, dépasse tous les autres plaisirs. Pour toi, Je suis préférable à tous les autres biens, Je suis la Beauté, Je suis la Grâce. Aime-Moi, aime-Moi seul. Perds-toi en Moi, en Moi seul. Attache-toi à Moi, Nul n'est plus intime que Moi. Les autres t'aiment pour eux-mêmes, Moi, Je t'aime pour toi. Et toi, tu t'enfuis loin de Moi. Bien aimé ! Tu ne peux Me traiter avec équité, Car si tu te rapproches de Moi, C'est parce qu'alors Je me suis rapproché de toi. Je suis plus près de toi que toi-même, Que ton âme, que ton souffle. Qui donc parmi les créatures Agirait de cette manière avec toi ? Je suis jaloux de toi contre toi Je ne te veux à personne d'autre, Ni même à toi-même. Sois à Moi, pour Moi, comme tu es en Moi, Sans même que tu en ais conscience. Bien-Aimé ! Allons vers l'Union. Et si nous trouvions la route Qui mène à la séparation, Nous détruirions la séparation. Allons la main dans la main. Entrons en la présence de la Vérité. Qu'elle soit notre juge Et imprime son sceau sur notre union A jamais. Chant final du Livre des Théophanies, cité par Henri Corbin dans : L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi, p. 137. Il est rapporté dans le Sahih de Muslim que l'Envoyé de Dieu a dit : "Dieu est beau et aime la beauté". Or c'est Lui qui a fait le monde et l'a existencié. L'univers tout entier est donc supremement beau. Il n'y a en lui nulle laideur. Bien au contraire Dieu y a réuni toute perfection et toute beauté (...) Les gnostiques n'y voient que la forme de la Réalité divine (...) car Dieu est Celui qui s'épiphanise en toute face, Celui à qui tout signe renvoie, Celui que tout oeil regarde, Celui qu'on adore en tout adoré (...). L'univers entier Lui adresse sa prière, se prosterne devant Lui et célèbre Sa louange. C'est de Lui seul que les langues parlent et c'est Lui seul que les coeurs désirent (...). S'il n'en était pas ainsi, aucun Envoyé, aucun Prophète, n'aurait aimé femme et ou enfant. Extrait de : Illumination de la Mecque (III, pp.449-450) Cité par Michel Chodkiewicz dans : Le Sceau des Saints. Émerveillé j'ai vu un océan sans rivage et un rivage sans océan. Lorsque tu es dans un état quelconque, céleste ou terrestre, tu es nécessairement sous le régime d'un des noms divins, que tu le saches ou pas, que tu le contemples ou pas. C'est ce nom qui régit ton mouvement et ton repos, c'est par lui que tu as le statut de possible ou celui d'existant. Et ce nom te dit : Je suis Dieu. Et il dit vrai. Mais il s'impose que tu lui répondes : Allahu Akbar ! (...) Saches, d'une certitude absolue, que l'Essence divine ne s'épiphanise jamais à toi en tant que telle mais seulement sous le rapport d'un de ses attributs éminents et que, du nom Allah, tu ne connaîtras jamais la signification. Tanazulat, p.90-91. Traduit par Michel Chodkiewicz dans : Un océan sans rivage En ce qui concerne la Parole de Dieu, lorsqu'elle est révélée dans le langage d'un peuple déterminé et que ceux qui parlent ce langage divergent quant à ce que Dieu a voulu dire par tel mot ou groupe de mots en raison de la pluralité des sens possibles de ces mots, chacun d'eux - si différentes que soient leurs interprétations - comprend effectivement ce que Dieu a voulu dire à condition que son interprétation ne s'éloigne pas des acceptions admises dans le langage considéré : car Dieu connait toutes ces acceptions et il n'en est aucune qui ne soit l'expression de ce qu'Il a voulu dire à cette personne précise. Mais si l'individu en question s'écarte des acceptions admises dans le langage, alors il n'a reçu ni compréhension, ni science (...). Quant à celui à qui a été donné la compréhension de toutes les faces de la Parole divine, il a reçu la Sagesse et le jugement décisif (Cor. 38.29), c'est-à-dire la faculté de distinguer entre toutes ces faces. Futuha 4, p.25. Traduit par Michel Chodkiewicz dans : Un océan sans rivage, p. 51. |