Ahmed et Lakhdar se présentent devant le cadi, magistrat chargé de rendre la justice.
Lakhdar prend la parole et dit, montrant Ahmed du doigt :
"Mon ami Ahmed m'a trahi. Il s'est conduit d'une manière abjecte. Il est venu dans ma maison en mon absence, il a volé mon argent, il a volé mon âne, violé ma femme et battu mon fils jusqu'au sang. Cadi, tu dois me rendre justice !
Le cadi lui dit : "Tu as raison."
Alors Ahmed s'avança et dit très vigoureusement : "Mais pas du tout ! Ça ne s'est pas passé comme ça ! Je suis allé chez Lakhdar c'est vrai, mais cet âne c'est le mien, qu'il m'avait emprunté et qu'il ne voulait pas me rendre ! Cet argent c'est le mien, que je voulais récupérer ! Je n'ai pas violé sa femme, c'est elle qui s'est jetée sur moi, car elle est toujours en manque d'amour ! Et comme je voulais me débarrasser d'elle, leur fils s'est mis à me frapper ! Je me suis défendu comme j'ai pu et je suis reparti les mains vides ! C'est à moi cadi que tu dois rendre justice !"
Le cadi qui écoutait attentivement, lui dit : "Tu as raison."
Alors, le premier assistant du cadi, qui se tenait debout derrière lui, se pencha et dit à mi-voix : "Mais enfin cadi, ces deux hommes ont dit des choses totalement contradictoires, et tu leur as dit, à tous les deux, qu'ils ont raison ! Ce n'est pas possible !"
Et le cadi dit à son assistant : "Tu as raison."